Traduction : " Ou, dans l'avenir, les femmes montreront le chemin pour faire la paix avec la Terre ou nous n'aurons pas d'avenir du tout." Vandana Shiva.
Femme aux allures de Gandhi et au nom divin, Vandana Shiva a un parcours digne des plus grandes histoires mythologiques. Cependant, rien dans son combat ne relève de la légende ou de la fiction. Scientifique, philosophe, militante et activiste féministe, l’intermondialiste indienne est considérée comme chef de file du mouvement écoféministe qui prône un retour à des valeurs plus pures au sein de notre société, mettant ainsi la femme et la nature au cœur de sa lutte contre l’industrie agroalimentaire néolibérale. Portrait d’une femme engagée au service des femmes, de la nature et de l’équité entre les citoyens.
Les racines d’une femme proche de la nature
Vandana Shiva est née le 5 novembre 1952 à Dehradun, actuelle capitale économique de la région de Uttarachal située au nord de l’Inde. C’est en ces lieux reculés que la plus haute chaine de montage au monde, l’Himalaya, prend racine. La petite Indienne, dont l’enfance se passait « soit à la ferme que ma mère a construite ou dans la forêt » est à l’aube d’un voyage extraordinaire. En effet, le parcours hors du commun de cette femme peut être comparé à une ascension lente, douloureuse et presque irréalisable de l’Everest. Sa vie sera marquée par de nombreux combats de longue haleine, menés par la seule conviction de vouloir changer les choses.
Ce désir de vouloir changer les choses, Vandana Shiva ne l’a pas volé. Son grand-père maternel, Mukhtiar Singh, peut être vu comme un exemple que sa petite fille s’est donnée à suivre. Le vieil homme, conscient des changements que traverse son époque et du nouveau statut que prend la femme au sein de la société indienne, est mort pour avoir défendu ses convictions. En effet, Mukhtiar Singh décida en 1946 de créer, à Duhai, la première école de filles de son pays (Astuc, 2014). Quelque chose d’invraisemblable à une époque où on interdisait aux femmes toute forme d’éducation. En 1956, une grève de la faim et de la soif le menèrent à sa mort, dans le but et l’espoir de défendre l’égalité des sexes.
Ses parents « inhabituels », comme elle les décrit, l’ont également énormément influencée. Son père, garde forestier, et sa mère, agricultrice et première fille de son village à suivre des études, ont en effet joué un rôle extrêmement important dans l’éducation de la jeune fille. Ils lui transmirent le goût des choses simples et un amour pur et inconditionnel pour la Nature et la Terre.
De la physique à la philosophie des sciences
Cette éducation permet à Vandana Shiva de développer et d’entretenir un certain intérêt pour les sciences physiques, au point qu’elle décida d’entreprendre des études en sciences à l’Université du Panjab, à Chandigarh. Elle y obtiendra son diplôme de licence dès 1972 et terminera son Master en 1974. Son passage à l’Université de Panjab sera aussi marqué par l’obtention de la bourse nationale du Talent scientifique. Pendant ces mêmes années, elle travailla à la Commission de l’énergie indienne où elle fut la seule et unique représentante de la gent féminine.
Au début des années 70, Vandana Shiva, à peine âgée de 21 ans, alla rejoindre sa mère dans le mouvement féministe Chipko pour l’aider à lutter contre l’exploitation forestière commerciale dans sa région. Il s’agit là du tout premier combat de la jeune Indienne. La pratique quelque peu particulière de ce mouvement a réussi à attirer l’attention des médias du monde entier, faisant de lui un véritable enjeu social international. En effet, les femmes activistes n’hésitaient pas à enlacer les arbres, comme des « pots de colle », pour éviter que les scies ne les coupent. D’ailleurs, le mot hindi « Chipko » signifie en français « pot de colle ». Aujourd’hui, ce mouvement est considéré comme une importante victoire dans le combat pour les droits de la femme et la protection de l’environnement.
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