Rien ne prédestinait Ishita Malaviya au surf. Elevée au milieu des artères congestionnées de Bombay, la jeune femme est pourtant, officiellement, la première surfeuse indienne de l'histoire. Un titre honorifique d'autant plus difficile à chiper lorsque l'on sait que le pays compte quelque 1,25 milliard d'habitants. La révélation pour le surf, Ishita l'a eue il y a 8 ans à Manipal, une ville universitaire du sud-ouest de l'Inde où elle et son petit ami Tushar Pathiyan poursuivaient leurs études.
Que fais-tu avec une planche de surf en Inde ?"
Là, elle fait la connaissance d'un étudiant allemand de passage dans l'établissement. "Que fais-tu avec une planche de surf en Inde ?", plaisanta-t-elle à l'époque en voyant le jeune homme avec cet objet incongru dans les bras, persuadée que les plages indiennes n'offraient pas la possibilité de s'adonner à la glisse. Le jeune homme conduit les deux étudiants ébahis sur une page située à une heure à l'ouest de l'université. Deux Californiens y surfaient.
"Nous étions très excités à l'idée de savoir qu'il était possible de surfer à seulement une heure de chez nous", se souvient-elle. Et de poursuivre : "Nous leur avons demandé s'il était possible de nous apprendre les bases du surf. Il ne nous fallut pas longtemps avant de prendre nos premières vagues". "Je me souviendrai toujours du sentiment que j'ai éprouvé à ce moment-là. J'ai souri tout le long du trajet me ramenant de la plage à la maison. Dès lors, j'ai su que je voudrais surfer pour le restant de mes jours", précise-t-elle. Suivant leur instinct et leur passion, Ishita et Tushar achetèrent une planche et poursuivirent leurs rêves de glisse.
Attirer les jeunes Indiennes sur les planches
Une persévérance qui s'avéra payante. En effet, le couple a récemment fondé le "Shaka Surf Club", à Kodi Bengre, un petit village de pêcheurs de la côte ouest. Aidés par la centaine de surfeurs que compte dorénavant le pays, ils y enseignent les rudiments du sauvetage en mer et le surf. Un lieu où Ishita Pathiyan tente d'attirer les jeunes filles et les femmes de la région. "Il y a beaucoup de pression sociale", regrette-elle. "La peau foncée n'est pas considéré comme quelque chose de gracieux et beaucoup de femmes ont peur ne serait-ce que de se mettre en maillot sur la plage et bronzer". La surfeuse indique aussi avoir remarqué que "beaucoup de parents ne souhaitent pas laisser leurs filles surfer une fois la puberté atteinte", soucieux de limiter les interactions de leur progéniture avec les garçons de la communauté.
Néanmoins, Ishita Malaviya estiment que le changement des mentalités est, certes long, mais bel et bien enclenché. "Tushar et moi avons appris à beaucoup de filles à surfer et j'ai beaucoup d'espoir pour l'avenir du surf féminin en Inde". En attendant, la jeune femme partage sa passion de l'océan et de la glisse avec ses quelques milliers de followers sur Instagram .
Écrire commentaire